Pierre Fresnay
Pierre Laudenbach nait à Paris le 4 avril 1897 et décède à Neuilly-sur-Seine (92) le 9 janvier 1975.
Sa famille le destine à une carrière universitaire, mais au contact de son oncle Claude Garry, un acteur en vogue, une vocation théâtrale s'éveille très tôt en lui. Tout en continuant ses études, il joue un petit tôle dans L'Aigrette en 1912 au théâtre Réjane. C'est à cette occasion qu'il choisit un nom de scène : Pierre Vernet, qui deviendra sept ans plus tard Pierre Fresnay. En 1915, à dix-neuf ans, Pierre Fresnay entre à la Comédie Française. La même année, il débute au cinéma dans France d'abord. Peu de temps avant d'être mobilisé en 1917, il épouse une comédienne de l'Odéon, Rachel Berendt. Le couple se séparera deux ans plus tard. Démobilisé à la fin de la guerre, Pierre Fresnay est admis officiellement à la Comédie Française.
Il y reste jusqu'en 1927, date à laquelle il démissionne à grands fracas. En 1923, Berthe Bovy devient sa femme, ils divorceront en 1927. Fresnay épousera en troisièmes noces Yvonne Printemps en 1934. Si le théâtre le comble - ses succès ne se comptent plus - il n'en est pas de même au cinéma. Jusqu'à Marius en 1931, Pierre Fresnay ne réussit pas à s'imposer. Et bien qu'Alfred Hitchcock le choisisse pour incarner le personnage français de L'homme qui en savait trop (première version), son jeu a peu d'emprise sur ce qu'on appelle le "grand public". Il faudra attendre La Grande illusion en 1937 pour qu'il prenne place parmi les vedettes les plus populaires. La découverte d'un scénariste encore obscur, Henri-Georges Clouzot, va orienter sa carrière. C'est avec sa collaboration pour l'adaptation, qu'il réalise son seul film de metteur en scène, Le Duel. L'amitié des deux hommes va permettre à Fresnay de personnifier Wens, le policier né de l'imagination de l'écrivain belge, Stanislas André Steeman, dans Le Dernier des Six, dirigé par Georges Lacombe, puisL'assassin habite au 21, le premier film de réalisateur de H.-G. Clouzot.
Pierre Fresnay sera une nouvelle fois la vedette du second film de H.G. Clouzot, le fameux Corbeau qui jouira auprès de la critique d'une réputation enviable. Mais par la suite, il retrouve des rôles moins célèbres dans des films secondaires.
Ses prestations les plus marquantes à cette époque concernent la plupart du temps des grandes figures de l'histoire : Saint Vincent de Paul, Offenbach (La Valse de Paris), l'entomologiste Fabre, Albert Schweitzer (Il est minuit docteur Schweitzer). Il obtiendra d'ailleurs des prix d'interprétation pour certains de ces rôles : le prix du meilleur acteur à la Biennale de Venise 1947 pour Monsieur Vincent, un prix d'interprétation au festival de Karlovy-Vary 1952 pour Monsieur Fabre. Après avoir incarné un nombre considérable de personnages dits "sérieux" dans des drames sociaux (Dieu a besoin des hommes, Un Grand patron,Le Défroqué) ou des évocations réalistes (Au Grand balcon, Les Evadés, L'Homme aux clefs d'or) - son rôle le plus marquant restera sans doute sa composition du terroriste dans Les Fanatiques d'Alex Joffe l'âge lui confère maintenant des emplois moins tragiques : il joue dans des comédies (Les Affreux, Les Vieux de la vieille).
Sa raison lui souffle que son talent vaut mieux que cela. Et c'est avec un sentiment de déception qu'il abandonne définitivement le cinéma en 1960. Heureusement, sa passion pour le théâtre lui a toujours permis de compenser ce sentiment de frustration. Fresnay n'a jamais cessé d'apparaître sur les planches, presque chaque fois en compagnie de son épouse Yvonne Printemps. A partir de 1960, il peut s'y consacrer entièrement, jouant aussi bien André Roussin que Valéry, Édouard Bourdet que Diderot. Il aborde, en 1968, une nouvelle forme d'expression, la télévision, acceptant de jouer dans l'adaptation pour le petit écran du "Neveu de Rameau" de Diderot. Une dizaine de créations suivent jusqu'en 1974.
Il meurt le 9 janvier 1975 à l'hôpital américain de Neuilly.
Filmographie
- 1915
FRANCE D'ABORD (Henri Pouctal).
- 1916
QUAND MÊME (Henri Pouctal).
1920
L'ESSOR (Charles Burguet).
- 1922
LES MYSTERES DE PARIS (Charles Burguet) - LE DIAMANT NOIR (André Hugon) - La BAILLONNÉE (Charles Burguet) - LES PREMIÈRES ARMES DE ROCAMBOLE (Charles Maudru et Maurice de Marsan) - LE PETIT JACQUES (Georges Lannes).
- 1928
LA VIERGE FOLLE (Luitz Morat).
- 1930
ÇA AUSSI C'EST PARIS (Antoine Mourre).
- 1931
MARIUS (Alexander Korda).
- 1932
FANNY (Marc Allégret).
- 1933
ÂME DE CLOWN (Yvan Noé et Marc Didier).
- 1934
LA DAME AUX CAMÉLIAS (Abel Gance) - L'HOMME QUI EN SAVAIT TROP (The Man Who Knew Too Much, Alfred Hitchcock).
- 1935
LE ROMAN D'UN JEUNE HOMME PAUVRE (Abel Gance).
- 1936
KOENIGSMARK (Maurice Tourneur) - SOUS LES YEUX D'OCCIDENT (Marc Allégret) - CÉSAR (Marcel Pagnol) MADEMOISELLE DOCTEUR ou SALONIQUE, NID D'ESPIONS (G. W. Pabst).
- 1937
LA GRANDE ILLUSION (Jean Renoir) - LA BATAILLE SILENCIEUSE (Pierre Billon) - LE PURITAIN (Jeff Musso) - CHÉRI-BIBI (Léon Mathot).
- 1938
ADRIENNE LECOUVREUR (Yarcel l'Herbier) - ALERTE EN MEDITERRANÉE (Léo Joannon) - TROIS VALSES (Ludwig Berger).
- 1939
LA CHARRETTE FANTÔME (Julien Duvivier) - LE DUEL (Pierre Fresnay).
- 1941
LE DERNIER DES SIX (Georges Lacombe) - LE BRISEUR DE CHAINES ou MAMOURET (Jean-Daniel Norman).
- 1942
LE JOURNAL TOMBE A CINQ HEURES (Georges Lacombe) - L'ASSASSIN HABITE AU 21 (Henri-Georges Clouzot) LA MAIN DU DIABLE (Maurice Tourneur).
- 1943
LE CORBEAU (Henri-Georges Clouzot) (B) - JE SUIS AVEC TOI (Henri Decoin) - LE VOYAGEUR SANS BAGAGES (Jean Anouilh) - L'ESCALIER SANS FIN (Georges Lacombe).
- 1945
LA FILLE DU DIABLE (Henri Decoin).
- 1946
LE VISITEUR (Jean Dréville).
- 1947
MONSIEUR VINCENT (Maurice Cloche) - LES CONDAMNÉS (George Lacombe).
- 1948
BARRY (Richard Pottier).
- 1949
AU GRAND BALCON (Henri Decoin) - VIENT DE PARAÎTRE (Jacques Houssin) - LA VALSE DE PARIS (Marcel Achard).
- 1950
CE SIÈCLE A CINQUANTE ANS (Denise Tual, commentaire) - DIEU A BESOIN DES HOMMES (Jean Delannoy).
- 1951
UN GRAND PATRON (Yves Ciampi) - MONSIEUR FABRE (Henri Diamant-Berger) - VOYAGE EN AMÉRIQUE (Henri Lavorel).
- 1952
IL EST MINUIT, DOCTEUR SCHWEITZER (André Haguet).
- 1953
LE DÉFROQUÉ (Léo Joannon) LA ROUTE NAPOLÉON (Jean Delannoy).
- 1954
LES ÉVADÉS (Jean-Paul Le Chanois).
- 1955
LES ARISTOCRATES (Denys de la Patellière).
- 1956
L'HOMME AUX CLEFS D'OR (Léo Joannon). 1957 LES FANATIQUES (Alex Joffé) LES OEUFS DE L'AUTRUCHE (Denys de la Patellière).
- 1958
ET TA SOEUR (Maurice Delbez) TANT D'AMOUR PERDU (Léo Joannon).
- 1959
LA MILLIÈME FENÊTRE (Robert Menegoz) - LES AFFREUX (Marc Allégret).
- 1960
LES VIEUX DE LA VIEILLE (Gilles Grangier).
Ces textes sont issus de la série n° 024 de la collection des fiches de Monsieur Cinéma (024/20) et de la série n° 032 de la collection des fiches de Monsieur Cinéma (032/22)